top of page

Moun Démouné

 Masque de déshumanisé

Symbolisme (Lèspri a Moun-démouné-la) : 

sur le dernier opus de Voukoum : « Kwayandiz é Trans », Fannzy chante sur le titre « Maléré ka goumé »  des paroles prémonitoires et « véyatif » :

« yo ja près démouné nou

Ka kouri, nou a jounou

Ka kouri tou lé jou kon fou

Adan on sistèm yo fè ban nou »

 

Où allons-nous, où courrons-nous dans ce balan frénétique et mortifère ?

Avons-nous peur ? De quoi, de qui ? De nous-mêmes en pleine lumière, sans fard, sans artifice ?

Mais d’abord avons oublié d’où venons-nous ? Tous ces combats menés par nos ancêtres pour un soupçon de liberté, de dignité à tout moment contrecarré, limité et même des fois, bafoué comme par la pwofitasyon.

 

Le pays n’a plus de repères idéologiques politiques fiables, la gauche se faufilant à droite, la droite se sauçant à gauche dans une « Soupe-à-Congo » fade et frelatée. Seuls certains militants nationalistes avant-gardistes à l’esprit vif mais perclus de douleurs ont maintenu leur cap vaille que vaille, sans défaillir, à la verticale.

 

Nos élus sont des coquins voleurs ; nos intellectuels ne pensent plus, ils réfléchissent ; nos jeunes étudiants s’expatrient en Europe, sur le continent américain pour ne revenir qu’en tant que vacanciers saisonniers d’été ; nos jeunes restés au pays se gangstérisent en bandes pour se tuer mutuellement, dealer toutes sortes de drogues et braquer des personnes âgées, retraités barricadés chez eux ou mis en veille dans les nouveaux hospices, les EHPAD. Les enfants n’ont plus le temps de s’occuper d’eux-mêmes à plus forte raison des vieux.

 

Tout fout le camp, on se déshumanise pour ne plus être des gwadloupéyen et devenir juste un point dans l’univers uniformisé de la pensée mondialisatrice, centralisatrice et unique.

Une chanson disait : « an pè ay dómi, pou lè-w vwè an lévé an touvé Gwadloup san gwadloupéyén. » Le sens de cette phrase doit être comprise dans une acception très large, car sans guadeloupéen ne signifie pas seulement absence de personne physique d’origine guadeloupéenne mais absence de la pensée, de l’art de vivre, de boire, manger et même de faire l’amour à la guadeloupéenne. Un pays Guadeloupe avec des gens, des « démouné », des computers humanoïdes qui sont pires que des zombies. Voilà ce chemin que nous prenons et faisons prendre à nos enfants.

 

Le coup de semonce du LKP, pendant 44 jours a ébranlé le système mais ne l’a pas mis à mort. Durant 44 jours, nous avons produit et consommé local et il n’y a pas eu de famine, « pon moun pa mó fen ». 10 ans après, nous en sommes à la perte de notre âme, de nos fondements « natif-natal ».

Konba-la ka kontinyé, vayan lévé lanmen, Voukoum toujou o konba, Voukoum woulé si yo !!! »

 

Matériaux (sa-w ni bouzwen pou Moun démouné-la » : du tissu tubulaire genre jersey coton, ou jersey lycra, ou tissu extensible et papier de toilette pour envelopper le corps comme une seconde peau que l’on va entailler et recouvrir de terre boueuse ou peinture ; des vêtements normaux ou de cérémonie (chemise, chemisette, robe, corsage, jupe) qui seront troués pour laisser apparaître le corps décharné et boueux ; sur la tête le même genre de tissu ou des bas collants ou chaussettes fines troués aussi et recouverts de boue ou peinture. La symbolique : tout en étant socialement correct et intégré par le vêtement, à l’intérieur nous avons déjà commencé à nous déshumaniser, nous « démouné » pour muter en une chose. Mais quelle chose !!!!

moun_demouné_1.png
moun_demouné_2.png
bottom of page