Gran Mèt-Mas
Vou ki té la avan nonm té nonm
Vou ki vwayajé dépi Lafrik
Epi pèp Afriken
Gran Mèt-Mas
Nou ka envoké-w
Nou ka kriyé-w
Désann’
Désann’ Gran mèt-Mas
Pôté limyè pou piti a-w.
Gran Mèt-Mas
Vou ki Lèspri-Mas
Antré an kô annou
Ouvè zyé annou
Grandi lèspri é konprinèt annou
Gran Mèt-Mas
Mofwazé-nou an Mas
E kléré chimen annou.
Atibon-Legba ouvè bayè pou-nou
Papa Legba ouvè bayè
Pou Mas-la antré.
Gran Mèt-Mas
Kléré chimen zanfan Gwadloup
Pôté limyè pou tout Nèg-a-Mas
E Fôs pou tout Nasyon-Mas.
Gran Mèt-Mas, Gran Mèt-Mas
Désann’ vwè pitit a-w !
Mèsi !
Amédée LABINY
Responsable « Komisyon Mès é Labitid Pèp Gwadloup. »
Pa janmé oubliyé Bondiyé Zansèt Afriken a-w :
« OLOFI CHANGO ABATALA YEMALLA OCHUN ELEGUA OGUN ORULA OXALA SHANGO YEMANJA PAPA LEGBA MAMI-WATA OGOU FERAY ERZULIE DANTOR ERZULIE FREDDA ERZULIE ZILA BARON SAMEDI AGOUE»
Grand Maître-Mas
Toi qui étais là avant que l’Homme soit Homme
Toi qui as voyagé depuis l’Afrique
Avec le peuple africain
Grand Maître-Mas
Nous t’invoquons
Nous t’appelons
Descend
Descend Grand Maître-Mas
Apporte la lumière pour tes enfants.
Grand Maître des Masques
Toi qui es l’Esprit des Masques
Entre dans nos corps
Ouvre nos yeux
Grandi notre Esprit et notre Compréhension
Grand Maître des Masques
Transforme-nous en Masque
Et éclaire notre chemin.
Atibon-Legba ouvre la barrière pour nous
Papa Legba ouvre la barrière
Pour que le Masque entre.
Grand Maître des Masques
Éclaire le chemin des enfants de Guadeloupe
Apporte la lumière aux Nègres initiés aux Masques
Et la force pour toutes les « nations » Masques.
Grand Maître des Masques, Grand Maître des Masques
Descend pour voir tes enfants !
Merci !
Lèspri a Mas-la (la réalité du Mas)
Lorsqu’il ne reste rien de matériel à l’homme pour se rattacher à son passé, déboussolé, « chouboulé », transvasé de port en port. Pour s’ancrer sur un rivage inconnu, il lui faut un lien irréel, immatériel qui lui permettra de voyager, de retourner ne serait-ce qu’un court instant à son point de création. Et ce lien, ce pont dressé à la verticale, cet Esprit qui transcende le temps et l’espace, pour l’homme libre africain déporté et devenu esclave aux Antilles, c’est le « Mas ». En effet, les africains capturés sur le sol d’Afrique étaient conduits dans les Amériques pour être esclaves puis christianisés et interdiction leur était faite de pratiquer tous rites religieux originaires.
Toutefois, avant le Carême le maître autorisait les esclaves à s’amuser, à participer au carnaval. Les « Mas d’origine africaine » sont alors extériorisés en période de carnaval. Il s’agit de continuer les initiations, pour déjouer les interdictions des maîtres blancs. Faire croire que le « Mas » et ses pratiques c’était du carnaval. En fait, les réminiscences des cérémonies mystiques africaines, (même après avoir obligé les captifs à tourner autour de l’arbre de l’oubli pour oublier), sont demeurées présentes dans leur esprit. Aussi, pour se retrouver, se souvenir de l’Afrique, Terre-Mère, et donner un peu de sens à leurs souffrances, les esclaves vont s’adonner, en période de Carnaval, en cachette « an-dous » à l’adoration de leurs divinités et ainsi retrouver la transe mystique qui adoucit les malheurs du monde physique. Et c’est là que prend naissance, la source du « Masque traditionnel du carnaval de Guadeloupe. »
Le « Mas » devient, alors, cet héritage, matérialisé en ce monde, ce legs de l’Esprit Universel, ce don de soi de la Matrice primordiale à l’Humanité.
C’est pourquoi le « Mas » ne peut pas être un simple déguisement ou divertissement. L’Esprit, la Vibration Cosmique est présent en nous, et plus particulièrement chez les arrières-petits-fils d’initiés qui doivent par devoir, par obligation transmettre cet Héritage pour ne pas interrompre le fil des choses.
Aujourd’hui, quid du « Mas tradisyonèl » : le masque traditionnel de Guadeloupe englobe l’ensemble du costume, avec tous ces attirails, qui recouvre l’individu (le véhicule) de la tête aux pieds. C’est une conception qui nous vient des masques cérémoniels africains.
« Mas-la sé nou-menm adan larèl fondal natal annou ».
« Mas » trimbalés depuis les Grandes Savanes Africaines, embarqués dans les navires négriers, parqués, maltraités, exposés, vendus, exploités et à jamais vivants dans notre Etre Intérieur.
« Mas », un lien invisible entre notre Nous et l’Esprit immatériel, incolore, inodore, innommable qui coule dans la Sève de l’Essence Divine qui donne vie à l’Afrique.
Aujourd’hui, même si le côté sacré s’est égaré au fil des temps, la Vibration Mystique qui entoure le « Mas » demeure toujours présente et c’est pourquoi nous pouvons clamer haut et fort que « un Mas n’est pas un déguisement ! ».
Cependant, un « mas » devient réel que lorsqu’il est habité par un humain, son véhicule. Mais l’individu qui rentre dans le « mas » perd son identité, se fait posséder par l’Esprit du Mas, il est « mofwazé » il se transforme en masque.
Un « mas » n’est donc pas un travestissement carnavalesque, c’est une ENTITE, une PUISSANCE, une FORCE.
Une fois en «Mas» nous perdons notre identité, voyageons dans l’espace et le temps par la transe qui s’empare de nous. Nous devenons alors «l’ESPRIT du Mas». Nous sommes «Mofwazé an Mas ». Notre « Nou-menm » se confond avec le Nous de l’Esprit, de l’Essence Divine et nous devenons alors « Nou-menm-Nou-menm », choses parmi les choses, entités parmi les entités, cellules d’autres cellules, expressions des expressions, fusion avec l’Universalité Originelle, nous sommes tout simplement : « Yonn ».
C’est pourquoi le «Mas» ne peut être considéré, banalisé comme un simple déguisement. C’est l’Esprit, la Vibration Cosmique devenus visibles, palpables et apportant Force et Lumière en l’obscurité d’un monde aveugle et sourd.